0.2 Familles génératrice, libre ou liée. Base, dimension
Loi externe Une loi externe définie sur l’ensemble
relativement à un ensemble de scalaires de est une application
sur . Cette opération
notée couremment par un point ou par associe donc à tout couple de l’ensemble un élément unique
de l’ensemble .
(1) |
Espace vectoriel Soit un ensemble muni d’une loi
interne et d’une loi externe relativement à un corps .
L’ensemble est appelée espace vectoriel
sur le corps si est un groupe commutatif et si la
loi externe vérifie les propriétés suivantes :
S’il n’y a pas d’ambiguïté, la notation simplifiée, sera
utilisée à la place de . Les éléments de
sont appelés vecteurs et notés en gras et ceux de
sont appelés scalaires.
Exemples d’espaces vectoriels L’ensemble des
-uplets réels est un espace vectoriel sur le corps des réels
.
L’ensemble des -uplets complexes est
un espace vectoriel sur le corps des réels .L’ensemble
des -uplets complexes est un espace vectoriel sur le corps des
complexes .L’ensemble des polynômes à coefficients
réels est un espace vectoriel sur le corps . L’ensemble des polynômes à coefficients dans est un
espace vectoriel sur le corps .
Famille libre, famille liée, famille génératrice
Soit une famille de vecteurs de .
-
1.
La somme
où seulement un nombre fini de sont non nuls est appelée combinaison linaire (CL) des .
-
2.
Les vecteurs sont linéairement indépendants (ou forment une famille
libre) si , pour tous , on a l’implicationDans le cas contraire, les vecteurs sont linéairement dépendants (ou forment une famille liée).
-
3.
Soit une famille de vecteurs
quelconques de . Alors toute famille formée par
combinaisons linéaires des est une famille liée. -
4.
Les vecteurs engendrent (ou forment une famille génératrice de
si pour tout , il existe dans tels que
autrement dit Vect. -
5.
Une famille infinie
est dite libre si toute sous-famille finie est libre dans . Elle est génératrice si tout élément
de peut s’exprimer comme combinaison linéaire finie des éléments de cette famille. -
6.
Toute famille formée d’un seul vecteur non nul est libre.
-
7.
Toute famille contenant au moins un vecteur nul est liée.
-
8.
Toute sous-famille d’une famille libre est aussi une famille libre.
-
9.
La réunion de toute famille génératrice et d’une famille quelconque
est une famille génératrice. -
10.
La famille est libre dans l’espace vectoriel sur
mais elle est liée dans l’espace vectoriel sur .
Segment d’un espace vectoriel, espace convexe
(1)–Un segment de est un sous-ensemble de défini par
(2)–Une partie de est dite convexe si
(3)–Soient des points d’une partie convexe d’un
espace vectoriel et des nombres non
négatifs vérifiant . Alors
le barycentre des points affectés
des masses , appartient toujours à .
(4)–L’intersection de toutes les parties convexes contenant est
appelée enveloppe convexe de .
(5)–L’enveloppe convexe de est le plus petit
convexe de contenant .
(6)–L’enveloppe convexe de est l’ensemble de tous les barycentres
de points de .
0.3 Sous-espace vectoriel
Un sous-espace vectoriel est un sous-ensemble non vide
de qui possède la structure d’espace vectoriel sur le corps de
. L’ensemble est un sous-espace vectoriel de ssi,
(2) |
L’ensemble des polynômes nuls ou de degrés non
supérieurs à est un sous espace vectoriel de .
Espace Vect
Soit une partie d’un espace vectoriel de . On appelle s.e.v de
engendré par le plus petit espace vectoriel contenant . On le note
Vect et c’est l’ensemble de toutes les combinaisons linéaires des éléments
de et c’est aussi l’intersection de tous les sous-espaces vectoriels contenant .
Somme de sous-espaces vectoriels Soient et
deux sous-espaces vectoriels d’un même espace vectoriel .
Le sous-ensemble de défini par
(3) |
est appelé somme des sous-espaces vectoriels et . On a les propriétés suivantes.
-
1.
La somme est un sous-espace vectoriel de .
-
2.
L’inersection est un espace vectoriel de .
-
3.
L’ensemble est un sous-espace vectoriel de si, et seulement si, l’un
des sous-espaces ou est inclus dans l’autre. -
4.
La somme contient .
-
5.
La somme est le plus petit sous-espace contenant ,
i.e, . -
6.
Si et sont deux parties d’un espace vectoriel , on a :
A titre d’exemple, la somme des sous-espaces vectoriels et , , est
égale à l’espace vectoriel .
Pour bien comprendre la différence entre la somme et la réunion de sous-espaces vectoriels, supposons par l’absurde que est un espace vectoriel et . Soit et . Soit et . Comme est un espace vectoriel,. Mais par définition de l’union,
ou . Si , alors car est un espace vectoriel.
Si , alors car est un espace vectoriel.
On arrive à une contradiction. La réciproque est évidente.
Somme directe et sous-espaces supplémentaires Soient
et deux sous-espaces vectoriels d’un même espace
vectoriel . La somme est dite directe ssi, tout élément de
s’écrit de manière unique comme la somme d’un vecteur de et d’un vecteur de .
On la note et on a donc
(4) |
Soit un sous-espace de . Alors un sous espace est appelé espace supplémentaire de dans ssi,
(5) |
En général le supplémentaire n’est pas unique et
on a les propriétés suivantes.
-
1.
La somme est une somme directe ssi, .
-
2.
Les espaces et sont supplémentaires ssi,
(6)
Base algébrique
(1)–Une famille , éventuellement non dénombrable, est une base
algébrique de si c’est une famille libre et telle que
toute partie de contenant strictement est une famille liée.
(2)–Tout espace vectoriel admet une base algébrique.
(3)–S’il existe dans une base de cardinal fini, le nombre est appelé dimension de et on dit que est de dimension finie. Dans le cas contraire, on dit que est de dimension infinie.
(4)–Toutes
les bases d’un espace de dimension finie contiennent exactement vecteurs.
Pour démontrer l’existence de la base algébrique, le plus court consiste à utiliser
l’axiome de Zorn qui repose sur la théorie des ensembles ordonnés. Un ensemble
est un espace ordonné si l’on a défini
sur cet espace une relation d’ordre, i.e. une relation
réflexive (), transitive et alors )
et antisymétrique et alors ). Cette relation définit un
ordre total si pout couple et de , on a
ou . Dans ce cas, on dit que l’espace est totalement ordonné.
Un espace ordonné est dit inductif si toute partie de qui est
totalement ordonnée admet un majorant dans .
Proposition 0.3.1
Axiome de Zorn
Tout espace ordonné inductif admet au moins un élément maximal.
Pour établir que tout espace vectoriel admet une base algébrique, on considère comme espace l’ensemble des
systèmes libres de ordonné par la relation d’inclusion : si, et seulement si, .
Il suffit alors de démontrer que
tout sous-ensemble , totalement ordonné, de admet un majorant dans .
On prend et on démontre qu’il est libre.
Soit un espace infini et une application de dans . Alors,
il existe un sous ensemble non trivial de stable par .
Considérons l’ensemble . S’il existe tel que pour , alors est fini et il est stable par . Si pour tout , on a
pour , alors il est clair que .
Soit un espace vectoriel de dimension infinie et un endomorphisme de .
Alors, il existe un sous ensemble non trivial de stable par . Même raisonnement que précédemment.
Montrer qu’il existe des espaces vectoriels et de dimensions infinie isomrphes et vérifiant
la stricte inclusion .
Il suffit de considérer l’espace quotient où
est la relation d’équivalence définie par
On introduit sur cet espace l’endomorphisme qui associe à un polynôme sa primitive.
On a bien une application qui est injective mais non surjective car les polynômes constants n’admettent pas d’antécédents.
0.4 Propriétés des espaces de dimension finie
On appelle rang d’une famille de vecteurs de , la
dimension du sous-espace engendrée par cette famille. On utilise la notation et on a donc
Une base d’un espace de dimension est donc une famille de rang . On dit qu’elle
est de rang plein.
Proposition 0.4.1
Caractérisation d’une base en dimension finie
Soit une famille de vecteurs de .
Alors les propositions suivantes sont équivalentes.
-
1.
La famille est libre et génératrice.
-
2.
Tout vecteur de s’écrit d’une manière unique sous la forme
-
3.
La famille est une base de .
L’espace vectoriel des polynômes admet comme base (appelée base canonique) la famille
.
L’ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal à est un espace vectoriel
qui admet comme base canonique la famille finie
et il est de dimension .
Proposition 0.4.2
Équivalence entre famille libre, génératrice et base en dimension
Soit une partie de
éléments d’un espace de dimension . Alors, il y a équivalence entre les
propriétés suivantes.
-
1.
est un système générateur.
-
2.
est un système libre.
-
3.
est une base.
Proposition 0.4.3
Base incomplète, formule de Grassmann, espaces supplémentaires
Toute famille libre peut être complétée et donner une famille libre et génératrice.
Inversement, de toute famille génératrice on peut extraire une famille libre et génératrice.
On a les propriétés suivantes valables dans un espace vectoriel de dimension finie ,
-
1.
Tout sous-espace de est de dimension .
-
2.
Formule de Grassmann : si et sont 2 sous-espaces de , alors on a
-
3.
Tout sous-espace de admet au moins un supplémentaire et
-
4.
Soient et deux sous-espaces de même dimension d’un
même espace vectoriel de dimension . Alors, il existe toujours au moins un sous-espace de tel que :(7) -
5.
Soient et deux sous-espaces tels que . Alors il existe
un sous espace tel que(8) -
6.
Soient des sous-espaces tels que . Alors il existe
des sous-espaces , vérifiant tels que(9) -
7.
Soient des sous-espaces vectoriels d’un espace de dimension finie.
Alors, on a(10) avec égalité si et seulement si la somme est directe.
Pour établir la relation (7), il suffit de raisonner par récurrence descendante sur la dimension de
et pour un fixé. La propriété est vraie pour . Supposons la propriété vraie pour
, et soient
et deux sous-espace de dimension . Comme , n’est pas un espace vectoriel et donc
. Alors, il existe et
. Les espaces
et sont de dimension et d’après l’hypothèse de récurrence, il existe tel que
. L’espace est ainsi supplémentaire commun à
et et donc la propriété est vérifiée pour .
Pour établir (8), il suffit de considérer un espace supplémentaire de dans . On a .
Or . Donc .
On établit (9) en utilisant (8) et
en faisant un raisonnement par récurrence sur .
On établit (10) on raisonne par récurrence en utilisant le résultat du cas .
Pour la réciproque, on raisonne aussi par récurrence, et on utilise le fait que
l’égalité implique et par suite .