0.1  Corps : Anneau où tout élément non nul est inversible
L’ensemble  est appelée corps
relativement aux deux lois + et  si  est un groupe commutatif non réduit à , 
est un groupe commutatif et si la loi  est distributive
par rapport à la loi .
Un corps est donc un anneau unitaire non nul, commutatif dans lequel tout élément non nul admet un inverse.
Un corps est un anneau intègre. Les ensembles , et  sont des corps.
Sous-corps Soit  un sous-ensemble d’un corps  stable par addition et multiplication.
On dit que  est un sous-corps de  si  contient l’élément neutre  de
 et si  est un corps pour les lois de .
Caractéristique d’un corps S’il existe un entier naturel  tel que ,
on appelle caractéristique du corps  le plus petit entier positif non nul vérifiant cette propriété.
Si  n’existe pas on dit que  est de caractéristique 0.
Si la caractéristique  est non nulle, c’est nécessairement un nombre premier
(sinon on aurait des diviseurs de 0, or un corps est intègre).
Soit  un corps fini. Alors il existe un nombre premier  et un entier  tel que card( (considérer  comme un espace vectoriel sur son corps premier).
Réciproquement, pour tout nombre premier  et tout entier  il existe un corps à  éléments,
unique à un isomorphisme près, noté .
Nous donnons quelques propriétés des corps ci-dessous et certains points seront détaillés plus loin.
- 
1. 
Un corps est intègre et donc n’a pas de diviseur de zéro.
 - 
2. 
Tout anneau fini intègre est un corps.
En effet, pour , l’application est injective. - 
3. 
Un corps est dit premier s’il n’a pas de sous-corps autre que lui-même.
 - 
4. 
Tout corps premier est isomorphe à s’il est infini et à pour un certain nombre premier s’il est fini.
 - 
5. 
Les corps et sont respectivement de caractéristiques 0 et .
 - 
6. 
Tout corps contient un corps premier qui est le plus petit de ses sous-corps et que l’on appelle corps premier de . Un tel corps
contient nécessairement et donc . - 
7. 
Un corps fini est nécessairement commutatif et le nombre de ses éléments est toujours une puissance d’un nombre premier.
 - 
8. 
Le plus petit corps fini est celui des booléens (table d’addition : « ou » et table de multiplication « et »).
 - 
9. 
Les résultats ci-dessus restent valables si l’on remplace le corps par un anneau commutatif et intègre.
 - 
10. 
Théorème de Wedderburn La commutativité est une conséquence des
axiomes de la structure de corps fini. 
Proposition 0.1.1
(1) Soit , on a
(2) Le groupe multiplicatif  d’un « corps de caractéristique  »  est un groupe cyclique, isomorphe à .
(3) Tout sous-groupe fini du groupe multiplicatif d’un corps commutatif est cyclique.
Preuve (1) Comme  est un groupe fini d’ordre , l’ordre  de chacun de ses éléments est un diviseur de  et il y
a exactement  éléments d’ordre  car ils engendrent l’unique sous-groupe
cyclique d’ordre  de .
(2) Posons , soit  un diviseur de .
S’il existe  d’ordre , on considère le sous-groupe  de
. On a  et pour tout , on a . De plus, le polynôme  a au
plus  racines dans  donc tout élément d’ordre  de  est dans .
Par conséquent, le nombre  d’éléments d’ordre  de  vaut  ou 
(nombre de générateurs de ). Donc on a . Or tout élément de  a
pour ordre un diviseur de  donc
D’après (1), on obtient  pour tout , d’où .
Donc  contient un élément d’ordre  qui est donc cyclique.
0.2  Autres anneaux particuliers
Anneau euclidien
Un anneau  commutatif et intègre est dit euclidien s’il est possible d’y définir  une division euclidienne valable pour tout couple .
L’anneau euclidien le plus classique est celui des entiers relatifs, mais on trouve aussi celui des entiers de Gauss ou certains autres anneaux d’entiers quadratiques. L’anneau des polynômes  à coefficients dans
un corps  commutatif () est aussi euclidien et donne ainsi naissance à une arithmétique des polynômes. On peut généraliser les notions de divisions euclidiennes classiques sur  et sur  comme suit. Soit  un anneau commutatif intègre. On dit que  est euclidien s’il existe une application
vérifiant la propriété suivante.
Dans ce cas,  est un anneau euclidien. Pour l’anneau , la division euclidienne usuelle est définie par l’application .
Pour l’anneau , la division euclidienne usuelle est définie par .
Anneau à pgcd Soient  et  deux éléments non nuls de .
L’existence d’un maximum pour l’ensemble des diviseurs communs à  et , qui est acquise dans l’ensemble
des entiers relatifs, n’est pas une propriété générale à tout anneau, ainsi dans l’anneau
, les éléments  et  ne possèdent pas de pgcd.
Un anneau à pgcd est un anneau dans lequel deux éléments quelconques non nuls admettent un pgcd.
Anneau factoriel et factorisation première
Soit  un élément non nul et non inversible d’un anneau . On dit que  admet une factorisation première si  s’écrit comme le produit
d’un nombre fini d’élément  irréductibles de . Cette factorisation est
unique à l’ordre des facteurs près et à une suite d’éléments inversibles près.
Un anneau  commutatif et intègre est dit  factoriel si tout élément non nul et non inversible de  admet une factorisation première unique. L’anneau vérifie les deux conditions suivantes.
(1)–Tout élément de l’anneau admet une décomposition en facteurs irréductibles.
(2)–Cette décomposition est unique à l’ordre des facteurs près.
Proposition 0.2.1
Dans un anneau factoriel, tout élément irréductible est premier
Preuve Soit irréductible dans l’anneau factoriel et supposons que divise le produit . On a alors , . Soient et les décompositions uniques de et en produit de facteurs irréductibles dans . Alors, on a
Comme  divise , il est donc de la forme . Comme il est irréductible, il n’est pas inversible et il est donc égal soit à l’un des  soit à l’un des . Donc  divise  ou  ou  et . Donc  est premier.
Le lemme d’Euclide est vérifié dans un anneau factoriel. On peut définir dans un tel anneau un plus grand commun diviseur pgcd et un plus petit commun multiple
 ppcm.
Anneau bézoutien et identité de Bezout
C’est un anneau intègre dans lequel la propriété suivante est vérifiée (Identité de Bézout).
Soient  et  deux éléments de . L’équation
admet des solutions  dans  si et seulement si  et  sont premiers entre eux.
Ainsi, dans un anneau bézoutien l’équation linéaire :
où les inconnues  et  sont des entiers relatifs et ,  des coefficients entiers relatifs et  désigne le plus grand commun diviseur de  et ,  dont on suppose l’existence, admet toujours des solutions.
Idéal d’un anneau
Dans un anneau commutatif , un idéal  est un sous-groupe additif de  tel que
On peut aussi dire que est un sous-groupe additif de stable pour la multiplication par . Soit
Soit  un morphisme d’anneaux .
(1)–Le noyau  est un idéal de .
(2)–L’image inverse  de tout idéal  de  est un
idéal de .
(3)–L’image  d’un idéal  de  n’est en général pas un idéal de .
(4)–Le noyau d’un morphisme de  est de la forme  avec 
puisque c’est un idéal de .
Exemples Dans , l’ensemble des nombres pairs, noté , est un idéal.
Les seuls sous-groupe de  sont les multiples d’un entier naturel  et on les note
. Un tel ensemble est un idéal de . Donc les seuls idéaux de  sont les ensemble
.
L’ensemble  des multiples d’un polynôme  est un idéal de  :
Idéal propre Dans un anneau , les ensembles  et  sont des idéaux de 
appelés idéaux triviaux. On appelle idéal propre un idéal différent de . Un idéal est propre si, et seulement si, il ne contient pas l’élément neutre .
Idéal principal Un idéal  d’un anneau  est dit principal s’il existe un élément  de  tel que . On le note souvent .
Somme d’idéaux
Comme pour un sous-espace vectoriel, on définit la somme  de deux idéaux  et  d’un anneau commutatif  comme étant l’ensemble des éléments  de  s’écrivant  où  est élément de  et  élément de .
La somme  de deux idéaux  et  d’un anneau commutatif  est un idéal de .
La somme de deux idéaux contient leur intersection et leur réunion. L’intersection de deux idéaux est un idéal par contre la réunion de deux idéaux n’est pas toujours un idéal.
On a la chaîne d’inclusion suivante
Idéal engendré par une partie d’un anneau
Soit  une partie d’un anneau commutatif . On appelle idéal engendré par  l’intersection de tous les idéaux de 
contenant  : c’est donc le plus petit idéal (au sens de l’inclusion) de  contenant .
Si  est une famille d’idéaux de , l’idéal engendré par 
est constitué des sommes finies
et il est appelé somme des idéaux .
Idéal engendré par une famille finie
Soit  un anneau commutatif et  une famille finie d’éléments de . Alors l’ensemble des combinaisons finies du type
est un idéal de , appelé idéal engendré par . Il est généralement noté  s’il n’y a pas d’ambiguïté.
Idéal de type fini
C’est un idéal de  pouvant être engendré par une famille finie. Il est alors somme d’idéaux principaux et admet comme système générateur un système fini .
Idéal irréductible
Dans un anneau , l’intersection de deux idéaux est un idéal et donc toute intersection d’idéaux de  est un idéal de .
Un idéal est dit irréductible s’il ne peut s’écrire comme intersection de deux idéaux de .
Idéal produit
On appelle produit  de deux idéaux  et  l’idéal engendré par les produits  avec  et  : c’est l’ensemble des sommes finies
On a donc
Le produit  ainsi défini est un idéal de  et cette définition se généralise immédiatement au produit d’un nombre fini d’idéaux.
Exemples dans  L’idéal défini par  est engendré par le pgcd
de . C’est donc .
Plus généralement, l’idéal engendré par toute famille de nombres ayant pour pgcd 1 est égal à .
Un idéal engendré par un nombre premier est irréductible. Un idéal engendré par le produit d’entiers  est contenu dans l’idéal engendré par  et dans celui engendré par . On a . Il n’est donc pas irréductible.
Idéal maximal
Un idéal  d’un anneau commutatif  est dit maximal si aucun autre idéal  ne peut le contenir en dehors des deux idéaux  et .
L’existence d’idéaux maximaux est assurée par le théorème de Krull.
Proposition 0.2.2
Idéal principal Soit  un idéal d’un anneau . On a les résultats suivants.
(1) L’idéal  est principal s’il est composé des multiples d’un même élément  de , il est donc engendré par le seul élément .
(2) Si l’idéal  est principal, il est forcément le plus petit idéal contenant .
(3) Un idéal n’est pas forcément principal.
Proposition 0.2.3
Idéal principal Soit  un idéal principal non nul et distinct de . Les
conditions suivantes sont équivalentes :
(1)  est engendré par un élément irréductible .
(2)  est un élément maximal de l’ensemble des idéaux principaux .
(3) Tout générateur  de  est irréductible.
Proposition 0.2.4
Soient . Les propriétés suivantes sont équivalentes.
(1)  divise  et  divise 
(2)  et  engendrent le même idéal
(3)  et  sont associés.
Preuve Il est clair que .
Réciproquement, si ,
il existe  tels que  et . Alors,
 et comme  est
intègre il vient . Donc  et  sont inversibles.
Par exemple, dans l’anneau commutatif  des polynômes à deux indéterminées
et à coefficients complexes, l’ensemble des polynômes ayant un terme constant nul, noté , car engendré par ces deux
variables, est un idéal de , mais il n’est pas principal : si  engendrait ,  et  seraient divisibles par ,
ce qui est impossible, sauf si  est un polynôme constant non-nul, ce qui est contradictoire.
Exemples d’idéaux principaux
1) Le cas le plus évident d’idéal principal est représenté par les idéaux , multiples de  dans , seuls idéaux de .
2) L’idéal engendré dans  par  et , que l’on pourrait noter , peut s’écrire  C’est l’ensemble .
3) Soient  et  deux éléments d’un anneau  et  et  les idéaux principaux qu’ils engendrent. Alors on a les équivalences :
 divise   et  et  sont associés 
4) Dans l’anneau  des polynômes de deux variables  et  à coefficients dans le corps , considérons l’idéal  des polynômes engendré par  et . Par définition, ses éléments sont de la forme . Il ne peut être engendré par un seul polynôme  de  car , en particulier, devrait en être un multiple !
Anneau quasi-principal, Anneau principal
Un anneau est dit quasi-principal si tous ses idéaux sont principaux, et il est dit principal s’il est en plus intègre.
L’anneau  des polynômes sur un corps  est un exemple d’anneau principal.
Proposition 0.2.5
: 
(1) Tout anneau principal est noethérien et factoriel.
(2) Tout élément non nul et non inversible d’un anneau principal peut s’écrire d’au moins
une façon comme produit fini  d’éléments irréductibles
( correspondant à un élément irréductible).
(1) Soit  cet anneau. Il faut montrer que  vérifie la condition de chaîne ascendante.  désignant une chaîne ascendante d’idéaux de , notons  la réunion des .  est un idéal de  (anneau noethérien).
En tant qu’idéal d’un anneau principal,  est principal. Il existe donc  tel que .
Mais il existe  tel que . Par suite  : c’est dire que
 et la suite  est stationnaire dès le rang .
(2) Soit  un anneau principal et  un élément non irréductible et non inversible. L’élément  admet alors au moins un diviseur propre (ni une unité, ni un associé) :  avec  et  non inversibles.
Supposons l’un des facteurs  et  non irréductible
(produit fini d’irréductibles), soit, par exemple,  ce facteur.
Alors  s’écrit  avec  et  non inversibles. Si le processus de
décomposition ne s’arrête pas, c’est à dire si l’on ne rencontre pas un diviseur irréductible de 
on obtient  divise , donc , puis  divise ,
donc , puis 
On construit ainsi une suite infinie d’idéaux emboîtés principaux de . Mais  est
noethérien (proposition 6); c’est dire qu’il vérifie la condition de chaîne ascendante. On arrive à une contradiction et donc  est irréductible ou produits d’irréductibles et le
même raisonnement conduirait à la même conclusion pour .
Proposition 0.2.6
(1) Soient  un anneau intègre et  un élément non nul de  tel
que l’idéal  soit premier. Alors  est irréductible.
(2) Soit  un anneau principal. Alors  est noethérien et
factoriel. De plus, tout idéal premier non nul de  est maximal.
Preuve de (1) Soient  tels que . Comme (p) est premier,
ceci entraîne, disons, que , d’où  , avec .
Alors ,
et comme  est intègre il vient . Donc  est inversible. Ceci montre
que  est irréductible.
 Preuve de (2) Par hypothèse,  est intègre. Comme tout idéal de 
est engendré par un élément,  est noethérien. En particulier, il vérifie la
condition (E), d’après le théorème 4.5.3.
Soit  un élément irréductible de . D’après la proposition 4.5.2, l’idéal
 est maximal parmi les idéaux principaux de . Comme  est principal,
ceci entraîne que  est maximal, donc a fortiori premier. D’après la
proposition 5.3.2, ceci montre que  est factoriel.
Enfin, soit  un idéal premier non nul de . D’après ce qui précède,
 est irréductible. Dans ce cas  est un idéal
maximal.
Un anneau euclidien est toujours principal et à pgcd. Tout anneau principal est un anneau bézoutien et
factoriel. Tout anneau à pgcd est bézoutien.
On retrouve pratiquement tous les résultats de l’arithmétique élémentaire dans les anneaux euclidiens.
Proposition 0.2.7
Lemme d’Euclide et lemme de Gauss dans un anneau euclidien
Soit  un élément d’un anneau euclidien  qui divise le produit  de deux éléments  et  de . Alors
(1) si  est premier avec , il divise  (Euclide)
(2) si  est premier, il divise  ou  (Gauss).
(3) Un anneau euclidien est nécessairement unitaire.
A titre d’exemple, dans les anneaux , et  il n’y a pas de distinction
entre élément irréductible et élément premier, les deux lemmes sont valables,
les éléments inversible de  sont  et ceux de  sont les éléments non nul de . Un anneau euclidien est un anneau factoriel.
 Preuve de (1) et (2) On va donner une démonstration fondée sur la division euclidienne pour le « Lemme d’Euclide et le Lemme de Gauss.
- 
1. 
Démonstration générale dans un anneau intègre à pgcd.
Soient , tels que . Comme , alors si , il divise aussi
. - 
2. 
Démonstration sur utilisant le théorème de Bézout et valable sur un anneau de Bézout.
Considérons les divisions de et par .On obtient par multiplication .
Donc si , il divise aussi . Comme il est premier, il ne peut diviser ni ni sauf si
ou . 
Preuve de (3) Lorsque décrit l’anneau euclidien privé de , l’ensemble des , sous-ensemble de , admet un minimum non nul . Soit alors , tel que , est non nul. Avec les notations ci-dessus, en appliquant la division euclidienne à il existe et tels que avec . Donc puisque est minimal. On a donc et pour tout , , ce qui peut s’écrire . étant intègre et non nul, : l’élément est neutre à gauche mais est commutatif, donc est l’élément unité de .
Proposition 0.2.8
Anneau principal
Tout anneau euclidien est principal.
Preuve Soit un idéal non nul de . Alors l’ensemble
est un sous-ensemble non vide de . Il admet donc un plus
petit élément . Soit  tel que .
Comme  est euclidien, pour tout , il existe  tels que
Si , alors  appartient à  ce qui est exclu puisque . On a donc  et .
Ceci montre que  est engendré par .
L’anneau  est principal. Tout idéal  de  est égal à , où  est le
plus petit élément strictement positif de .
Anneau local C’est un anneau commutatif possédant un unique idéal maximal. Le quotient
d’un anneau local  par son unique idéal maximal s’appelle le corps résiduel de .
Proposition 0.2.9
(1)–L’idéal maximal d’un anneau local  est l’ensemble des
éléments non inversibles de .
(2)–Un anneau  est local si, et seulement si, la somme de deux éléments non inversibles est non inversible.
(3)–Un anneau  est local si, et seulement si, pour tout , l’un des deux éléments 
et  est inversible.
Preuve
1. Comme dans tout anneau (commutatif unitaire), un élément inversible ne peut appartenir à un idéal maximal. En effet, un idéal  qui contient un élément  contient aussi tout l’idéal engendré par . Mais si  est inversible,  contient  et donc  tout entier. Donc  ne peut être maximal par défnition.
Inversement, si  est un élément non inversible, alors  et donc  est un idéal
propre. Par conséquent  est contenu dans un idéal maximal. Comme il n’y a qu’un seul idéal maximal , on a . et donc .
Donc l’unique idéal maximal est constitué par l’ensemble des éléments non
inversibles de .
Supposons que  soit un anneau local et soit  son idéal maximal. Si  est un élément non inversible de ,
 puisque . Donc  est inversible.
Inversement, supposons que pour tout élément  non inversible,  soit inversible. D’après le théorème de Krull, il existe au moins un idéal maximal .
Supposons qu’il existe un second idéal maximal , distinct de . Alors  est un
idéal de  strictement plus grand que , et donc égal à . Ainsi, , avec
 et . Puisque  est maximal,  n’est pas inversible. Mais par hypothèse,
ceci impose que  est inversible. On a donc , ce qui contredit le fait que
 est un idéal maximal de . Par conséquent,  possède un unique idéal maximal et il est donc local.
(2)–Soit  est un anneau local. Puisque l’ensemble des éléments non inversibles est un idéal,
la somme de deux éléments non inversibles est encore non inversible.
Réciproquement, supposons que la somme de deux éléments non inversibles soit toujours
non inversible. Montrons que pour tout élément  non inversible,  est
inversible et donc, d’après la question précédente,  est local.
(3)–Soit  un élément non inversible. Sous cette hypothèse, si  est non inversible, alors 
est aussi non inversible. Ceci est absurde et donc  est inversible.
Morphisme d’anneaux unitaires, autres propriétés
Lorsqu’on considère des anneaux unitaires, on impose à tout morphisme d’anneaux de transformer l’unité de l’anneau de départ en l’unité de l’anneau d’arrivée. On doit donc avoir . Un morphisme d’anneaux ne peut donc pas être nul.
Proposition 0.2.10
Si  est un morphisme entre les anneaux
 et , on a les propriétés suivantes.
(1)–L’image directe d’un idéal est toujours un idéal si  est surjectif.
(2)–L’image réciproque d’un idéal de  est un idéal de 
(3)–L’image réciproque d’un idéal premier de  est un idéal premier de 
(4)–L’image réciproque d’un idéal maximal de  est un idéal premier de  mais non nécessairement maximal.
Preuve
(1)–Soit  un idéal
de  et  un morphisme surjectif de  sur .
Pour tout , tout , il existe  tel que . On a donc
(2)–Soit I un idéal de . Puisque est en particulier un morphisme entre les groupes additifs et , on sait que est un sous-groupe de . On a
car  est un idéal de . Donc , ce qui prouve que  est un idéal de .
(3)–Si  est premier, alors  est également premier. En effet, supposons que .
Alors , et donc  ou . Et donc , ou .
Il reste à vérifier que  est bien un idéal propre de . Mais ceci est une conséquence de la propriété de morphisme : puisque , alors  et donc  est propre (un idéal est propre si et seulement si il ne contient pas 1).
Enfin, si  est maximal, alors  est premier et donc  est un idéal premier
de . Il n’est pas nécessairement maximal. En effet, considérons le morphisme
inclusion . Alors l’image réciproque de (0) qui est un idéal maximal de , est aussi , qui n’est pas un idéal maximal de .
Anneau noethérien
Un anneau dans lequel les idéaux sont de type fini est qualifié d’anneau noethérien
Une suite emboîtée croissante d’idéaux est une suite  d’idéaux telle que  (chaîne ascendante). La suite est finie si elle est stationnaire à partir d’un certain rang.
Proposition 0.2.11
La réunion d’une chaîne ascendante d’idéaux de est un idéal de .
Preuve
(i) Supposons  noethérien (idéaux de  de type fini). Montrons que toute chaîne ascendante  d’idéaux de  est finie. La réunion  des  est un idéal de  qui est donc de type fini engendré par des éléments  de . Chacun des  est élément d’un  (éventuellement le même). Soit  le plus grand indice  rencontré. La chaîne des  étant ascendante,  contient tous les  et leurs combinaisons linéaires; par conséquent . Mais , donc . La suite des  est donc stationnaire à partir du rang .
(ii) Supposons finie toute chaîne ascendante  d’idéaux et  non de type fini. Un idéal  de  n’admet aucun système générateur fini. Pour , élément de , on a donc  strictement inclus dans ; il existe donc  dans  tel que , idéal engendré par  et  soit strictement inclus dans . Et ainsi de suite. On crée ainsi une chaîne d’idéaux illimitée   …: contradiction.
Un anneau  est noethérien  toute suite emboîtée croissante d’idéaux de  est finie.
?????
Preuve :  est un sous-groupe additif de  car si , il existe  tel que a  et , donc , idéal de . Par suite . D’autre part, pour tout , il existe  tel que , donc .
Dans un anneaut noethérien, tout élément admet une décomposition en facteurs premiers mais l’unicité (U) n’est pas garantie.
Proposition 0.2.12
: 
Soit  un anneau commutatif intègre vérifiant (E). Les
propriétés suivantes sont équivalentes.
(1)  vérifie (U).
(2) Pour tout élément irréductible , l’idéal (p) est premier.
(3)  vérifie le Lemme d’Euclide, i.e., si  est irréductible et divise
un produit , il divise  ou .
(4)  vérifie le Lemme de Gauss, i.e., pour tout , si a
divise  et si ,  sont sans facteur commun, alors  divise .
0.3  L’anneau des entiers relatifs
Sur l’anneau , les seuls éléments inversibles sont .
 L’anneau  est euclidien, division euclidienne
En effet, pour tout couple ,
il existe toujours un et un seul couple  vérifiant :
La division euclidienne permet d’introduire la notion de congruence sur .
On dit que deux entiers  et  sont congrus modulo 
s’ils admettent le même reste dans la division par . Cette relation que l’on note 
est une relation d’équivalence sur  et on a les propriétés suivantes.
- 
1. 
et alors .
 - 
2. 
et alors et .
 - 
3. 
alors .
 - 
4. 
Soient et deux nombres premiers. Si divise alors on a
. 
L’anneau  est à pgcd En effet, tout couple 
admet un pgcd qui est unique au signe près (car  est inversible),
par exemple on a pgcd.
Proposition 0.3.1
Transfert des diviseurs communs
Si tois entiers relatifs ,  et  vérifient
alors l’ensemble des diviseurs communs
à  et  est identique à l’ensemble des diviseurs communs
à  et . En particulier, on a .
Cette propriété fondamentale et la division euclidienne qui garantit l’existence du pgcd permettent toutes les deux la détermination du pgcd à l’aide de l’algorithme d’Euclide.
 Existence du pgcd et algorithme d’Euclide On s’intéresse à la résolution de l’équation
qui n’a pas de solution  si  n’est pas un multiple de .
 Algorithme d’Euclide
Cet algorithme permet de déterminer  en effectuant des divisions successives.
Posons  et  et effectuons les divisions euclidiennes successives jusqu’à obtenir le dernier reste non nul  :
(1)– Montrons que  divise  et . Comme , on a  et donc  divise  et divise aussi . En remontant le procédé,
on voit que  divise  et .
(2)– Montrons que  est le pgcd de  et . En effet tout diviseur de  et  est aussi diviseur de  d’après la construction de la suite .
Existence du pgcd en utilisant toujours
la division euclidienne.
Tout d’abord, si  est nul,  est bien solution de l’équation.
Supposons maintenant  non nul et considérons le sous-ensemble de  défini par
.
On va montrer que le plus petit élément strictement positif de  existe
 et c’est le pgcd de  et .
En effet  est non vide (il contient ). Il admet
donc un plus petit élément, soit . Soit  le reste de
la division euclidienne de  par . Comme ,
il appartient à  et il est strictement inférieur à . Il ne peut pas appartenir à
 et il est donc nul. Cela signifie que  divise .
Le même raisonnement montre que  divise . Finalement  est un diviseur commun à  et .
Enfin, tout diviseur commun à  et  divise . Le diviseur commun  est
donc bien le plus grand, et il existe deux entiers
 et  tels que .
 L’anneau  est bézoutien : Identité de Bezout
L’identité de Bezout est vérifiée sur , i.e, Deux entiers  et  sont premiers entre eux ssi, il existe deux entiers  et  tels que
. Donc  est un anneau Bézoutien.
Cette propriété s’établit en partant de l’existence du pgcd sur  et en prenant  si les deux nombres
sont premiers entre eux.
On peut aussi considérer le groupe des inversibles modulo , c’est-à-dire le groupe
des unités de l’anneau . En effet, en supposant que  est premier avec , montrer qu’il existe deux entiers  et
 tels que 
revient à montrer que  est inversible modulo , i.e inversible dans .
On considère pour cela l’application , de  dans lui-même.
Cette application est injective car si  alors  appartient à  et il est donc divisible par . Comme  est premier avec , il divise  (lemme de Gauss). Donc  dans . Comme  est un ensemble fini,
l’application  est surjective. Il existe donc  tel que ,
i.e . Il existe donc  tel que .
L’hypothèse  divise  et  est indispensable. S’il existe deux entiers  et  tels que ,
on peut seulement dire que  est un multiple de . Par exemple, il existe deux entiers  et  tels que 
(il suffit de prendre  et ) alors que 5 n’est pas le pgcd de 2 et 3.
On pourrait démontrer l’identité de Bézout (en utilisant indirectement la division euclidienne)
et l’utiliser ensuite pour établir l’existence d’un couple d’entiers tels que . L’algorithme
d’Euclide étendu fournit une solution , mais il en existe une infinité d’autres en général.
 L’anneau  est factoriel, factorisation première
Proposition 0.3.2
factorisation première
Pour tout , il existe une famille presque nulle  d’entiers de  dont les éléments sont tous nuls sauf un nombre fini d’entre eux, telle que :
| (1) | 
Cette décomposition est appelée factorisation première de  et elle est unique.
l’entier  est la plus grande puissance de  qui divise  et  est appelée la valuation -adique de .
On a les résultats suivants.
- 
1. 
 - 
2. 
 - 
3. 
 - 
4. 
 
Preuve La démonstration se fait par récurrence sur  et donc le résultat reste valable dans tout anneau où il sera possible d’utiliser une récurrence.
(1)–Supposons la propriété (1) vraie pour tout entier naturel strictement inférieur à . Démontrons qu’elle est alors vraie pour . Si  est premier, il constitue un produit de nombres premiers contenant un seul facteur. Si  n’est pas premier, on a  avec  et . On applique l’hypothèse de récurrence à  et .
(2)–Pour établir l’unicité, on va utiliser le fait que si  et  sont deux nombres premiers et si  divise  alors .
Supposons l’unicité vraie pour tout entier naturel strictement inférieur à . Supposons l’existence de deux factorisations pour  :
Alors  un facteur de la première il divise forcément  et il est donc égal à l’un des
facteurs de la seconde soit . Une simplification par  nous ramène
au cas d’un nombre  et l’hypothèse de récurrence termine la démonstration.
La détermination de la factorisation première d’un entier 
est un procédé très long si  est grand.
L’ensemble des nombres premiers est infini et tout  non premier (composé) admet un diviseur premier  vérifiant .
Soit  le plus petit diviseur premier de  et posons . Soit  est premier et on a  et donc , soit  admet un diviseur premier  qui vérifie
 d’après le choix de . On a alors  et donc .
Théorème de Dirichlet
Soient  et  deux entiers premiers entre eux. Alors il existe une infinité de nombre premiers vérifiant
l’une des deux relations équivalentes :
Petit théorème de Dirichlet Il existe une infinité
de nombres premiers de la forme .
Petit théorème de Fermat
Si  est un nombre premier et  un entier quelconque, alors  est un multiple de . Cela équivaut à dire que .
Preuve
Démontrons tout d’abord que si  est un nombre premier, alors  divise l’entier :
En effet, si  est premier, il est premier avec chacun des facteurs  pour . Comme  est un entier,  est divisible par le produit , ce produit divise . Finalement  divise .
La démonstration du théorème découle du développant , de la propriété ci-dessus et d’un raisonnement par récurrence sur .
Comme conséquence directe, si  et  sont deux nombres premiers,
alors  est divisible par  et par  et donc par .
Fonction indicatrice d’Euler
La fonction indicatrice d’Euler, notée , est la fonction qui associe à tout entier naturel  le nombre
 égal au nombre d’entiers  vérifiant  et qui sont premiers avec . Par exemple, on a  puisque 5 est le seul entier non nul et inférieur à  qui est premier avec 6.
Théorème d’Euler, généralisation de Fermat
Pour tout entier  et tout entier  premier avec , on a
Alors pour tout entier multiple de et tout entier , on a :
A titre d’exemple, on a .
Quelques résultats sur la divisibilité
- 
1. 
La relation de divisibilité est transitive.
et alors . - 
2. 
Divisibilité d’un carré.
 - 
3. 
Si divise le produit et si est premier, alors divise ou
 - 
4. 
et alors et .
 - 
5. 
 - 
6. 
 
Une application : Codage RSA
Coder un message  équivaut à produire un nouveau message  aussi différent que possible de .
Le décodage consiste à trouver une fonction  aussi différente que possible de  telle que
. Les fonctions  et  sont appelées les clés du système de codage. Le théorème
d’Euler permet de développer une réponse à cette question fondée sur l’utilisation d’un
entier  où  et  sont deux nombres premiers.
Les seuls diviseurs de  sont alors les multiples de  ou . Il y en a . Le nombre
d’entiers positifs ou nul, strictement inférieurs à  et qui ne divisent pas  est donc
.
Pour celui qui code, il peut choisir un entier  très grand de façon à ce que l’on ne pourra
pas déterminer facilement les facteurs  et ; Pour celui qui cherche à décoder,
trouver la clé du codage, le problème consiste à rechercher les facteur  et .
Il existe plusieurs méthodes selon le nombre de chiffres (plus d’une centaine)
dans , la méthode elliptique, le crible quadratique, etc …Considérons l’exemple suivant où l’on prend .
- 
1. 
 - 
2. 
 - 
3. 
Choisissons premier avec par exemple
 - 
4. 
La résolution de l’égalité de Bezout donne la solution particulière
. On peut donc prendre comme multiple de - 
5. 
On obtient
, pour et . - 
6. 
On a ainsi les deux fonctions et .
Par exemple si on représente le mot BONJOUR par , on doit calculer les nombres
modulo . on obtient : . Pour décoder, il faut calculer
modulo . On retrouve évidemment . 
La majorité des propriétés de la division euclidienne dans l’anneau  des entiers relatifs se
généralisent au cas des polynômes. A titre d’exemple, deux polynômes
 et  sont premiers entre eux si et seulement si . On a l’égalité de Bezout,
qui s’énonce dans ce cas particulier comme suit.
0.4 L’anneau des entiers de Gauss
Un nombre de Gauss est un nombre complexe de la forme 
avec , il est dit entier si . On notera l’ensemble des entiers de Gauss . L’ensemble des entiers de Gauss, muni de
l’addition et de la multiplication ordinaire des nombres complexes, est un anneau intègre, généralement noté  et dénommé anneau des entiers de Gauss. Cet anneau dispose d’une division euclidienne, ce qui permet d’y bâtir une arithmétique très analogue à celle de l’anneau . On introduit sur cet anneau la norme définie par
Comme , on obtient la propriété suivante
Si  et  sont chacun égal à une somme de deux carrées,
alors leur produit  est aussi égal à une somme de deux carrées.
Proposition 0.4.1
(1) Un entier de Gauss  est inversible si, et seulement si .
Les seuls éléments inversibles de  sont .
(2) Un entier de Gauss, 
est premier (irréductible dans ) s’il
n’est pas
inversible et si, toute décomposition
 avec , implique  inversible ou
 inversible.
(4) Tout entier de Gauss
est soit inversible soit premier soit égal au produit
d’entiers de Gauss premiers, cette factorisation n’étant pas unique.
Proposition 0.4.2
Soit . Si  est premier dans , alors  est irréductible dans .
Si  est tel que , alors la réciproque est vraie.
Soit  où , et . L’un des deux nombres
 et  est égal à , et l’autre est égal à 1, car  est premier. Or  est inversible si, et seulement si, . Donc  ou  est inversible. Donc  est irréductible.
La réciproque est fausse : par exemple, 3 est irréductible dans , mais  n’est pas
premier.
Exemples
On a  et donc 2 n’est pas premier. Par contre 3 ne peut pas s’écrire comme
produit de deux entiers de Gauss de norme inférieure à la norme de 3.
Proposition 0.4.3
Division euclidiènne dans 
Pour tout couple , il existe
un couple  tel que
Le couple  n’est pas unique. On dit que 
est le quotient et que  est le reste de la division euclidienne de  par .
Posons , où . On prend 
tels que  et . On pose
 et . On obtient :
Le couple  convient si, et seulement si,
, c’est-à-dire . Cela revient à dire que le
couple
 appartient au disque ouvert de centre  et de rayon 1. Le couple  est unique
ssi .
Découper le plan en carrés de sommets :
où et sont des entiers tels que est impair.
Proposition 0.4.4
Lemme d’Euclide
Soit  un entier de Gauss premier. Si  divise un produit de deux entiers de Gauss , alors  divise  ou  divise .
Proposition 0.4.5
L’ensemble  des entiers de Gauss, muni de la somme et
de la multiplication des nombres complexes est un anneau
commutatif et intègre en tant que sous-anneau
de  et il possède les propriétés suivantes.
(1)  est euclidien mais le quotient et le reste ne sont pas unique.
(2)  est principal.
(3)  est factoriel mais la factorisation n’est pas unique
Il suffit de montrer que tout idéal de est principal. L’ensemble
est non vide car . Il admet donc un plus petit élément que l’on désigne par . Soit  tel que . Par construction ce nombre  existe, il est non nul et il n’est pas forcément unique. Soient  et  tels que
 avec .
Comme , alors , et .
Donc  est principal.
Proposition 0.4.6
Soit . Les 3 propriétés suivantes sont équivalentes.
(1)  est un entier premier.
(2)  ou  où  est un entier premier positif vérifiant .
(3)  est un entier de Gauss premier.
Preuve Il est clair que . Réciproquement, soit
 un entier de Gauss premier. Si  (resp.  alors, par le théorème 1.19,
 satisfait à la condition (2). Si , montrons que  est premier. Sinon, supposons
 avec , c’est-à-dire, . Alors  divise  ou . Supposons 
divise . Alors, , avec
. On multiplie cette égalité par  et on trouve
que , c’est-à-dire  divise . Comme  est premier, on a 
ce qui est absurde.
Proposition 0.4.7
Soit  un nombre premier positif. Les conditions suivantes sont
équivalentes :
(1) .
(2)  ne peut pas s’écrire comme somme de deux carrés.
(3)  est un entier de Gauss premier.
Preuve Si ,
alors  ne peut pas s’écrire comme somme de deux
carrés car le carré d’un entier est toujours un multiple de 4 ou congru à 1.
Supposons que  ne peut pas s’écrire comme somme de deux carrés et montrons que p est
un entier de Gauss premier. Soient  tels que .
On a donc
. Si ,
alors  est somme de deux carrés. Donc on a soit  soit ,
c’est-à-dire,  est premier.
Supposons que  est un entier de Gauss premier. Si, , alors
par le théorème 1.3, il existe  tel que  mod , c’est-à-dire,  divise
. D’après le lemme d’Euclide,  divise soit  soit , ce qui est impossible.
Corollaire 0.4.8
Les deux propriétés suivantes sont équivalentes.
(1)  s’écrit comme somme de deux carrés.
(2)  Il existe un entier de Gauss  et un entier de Gauss  qui n’est
divisible par aucun nombre premier  positif, tels que
.
Preuve Il suffit de démontrer que  implique . Or, dans ce cas,  est le produit de nombres premiers qui sont, d’après le théorème précédent, des sommes de deux carrés. D’après le corollaire
1.10,  est la somme de deux carrés et donc, d’après le lemme 1.1,  est aussi la
somme de deux carrés.
Proposition 0.4.9
Pour , les propositions suivantes sont équivalentes.
(1) Il existe un entier de Gauss  tel que .
(2) Il existe  tels que .
(3) Il existe  premiers entre eux tels que
 où  et .
Preuve Partant de  et posant ,  et
, on obtient .
Partant de , on obtient immédiatement .
Par ailleurs par définition, on a .
Ce résultat permet de se ramener au cas où  et  sont premiers entre eux.
Proposition 0.4.10
Théorème de Wilson
Un entier  est un nombre premier si et seulement s’il divise , c’est-à-dire si et seulement si
Proposition 0.4.11
Si  est un nombre premier positif, il existe  tel que
si, et seulement si  ou .
Preuve Si  alors  et donc . Supposons donc
 de la forme , avec . Supposons que , c’est-à-dire,  est
pair. Alors, d’après le théorème de Wilson on a que
et donc
On remarque que, pour tout , . Donc
Comme on a supposé pair on obtient
Réciproquement, supposons qu’il existe  tel que  avec 
impair. Donc  est d’ordre  dans . D’après le petit théorème de
Fermat, on a que , donc  est divisible par l’ordre de , c’est-à-dire,
.
Proposition 0.4.12
Si  s’écrit comme somme de deux carrés d’entiers premiers entre
eux, alors  n’est divisible par aucun nombre premier  positif tel que 
Preuve Soit  un diviseur premier positif de . On a donc que  Puisqu’on a supposé que  et  sont premiers entre eux, l’un d’eux n’est pas
divisible par  et l’identité précédente implique que aucun de deux n’est divisible
par . On a donc que  et donc, si on multiplie par l’inverse de  dans
,
Il existe donc  tel que . L’application de la
Proposition 0.4.11 termine la démonstration.
Proposition 0.4.13
(1) Soit un nombre premier tel que . Alors
(2) Tout nombre premier  est irréductible dans  si, et seulement si,
.
Soit  un nombre premier. Supposons que  et
. Soit  (dans ). Alors  et .
Les autres éléments non nuls de  peuvent être associés deux par deux de la
manière suivante :  et  sont associés ssi , i.e.  (on a  car  a
au plus 2 racines carrées). Donc . Or  (théorème de
Wilson). Donc . Si  n’a pas de racine carrée, alors 
et .
Si  est un nombre premier non irréductible, il existe , .
Or  et . Donc .
Si , alors il existe ,  et  divise .
Si  divise l’un des deux facteurs, alors il divise l’autre, (passer aux conjugués), et donc la
différence , ce qui est impossible. Donc  ne divise aucun des deux facteurs. Donc
 n’est pas premier dans . Or  est principal. Donc  n’est pas irréductible
dans .
Proposition 0.4.14
Soit  l’ensemble des entiers premiers sur . Un entier  peut se mettre sous la forme d’une somme de 2 carrés si, et seulement si, il peut se décomposer sous la
forme :
Proposition 0.4.15
Soit  un nombre premier dans . Alors les deux propriétés sont équivalentes.
(1)  est irréductible dans .
(2) Il n’existe pas de couple
 tel que .
S’il existe  tel que , alors  et  n’est donc pas irréductible
dans .
Si  n’est pas irréductible dans , alors il existe  tel que
 avec 
et . Or . Donc  car  est
premier et .