Section17: Espace euclidien, Produit scalaire à valeurs dans \mathbb{R}

1.1 Forme bilinéaire symétrique définie positive

Une forme bilinéaire est une fonction scalaire B
définie sur 𝔼×𝔼 linéaire par rapport à la première variable et
linéaire par rapport à la deuxième.
La forme B est dite :

  1. 1.

    symétrique si

    B(x,y)=B(y,x)x,y𝔼
  2. 2.

    définie non négative (B0) si

    B(x,x)0x𝔼
  3. 3.

    définie positive (B>0) si

    B(x,x)>0x0𝔼

Toute forme bilinéaire définie positive B définit un produit
scalaire sur l’espace 𝔼. L’expression B(x,y) s’appelle produit scalaire
de x et y . On dit que x est orthogonal à y si B(x,y)=0.
Cela équivaut à dire que y est alors orthogonal à x en vertu de
la symétrie. On dit aussi que x et y sont orthogonaux. Il est
clair que la notion d’orthogonalité dépend de la forme B qui définit le
produit scalaire. L’application qui à tout vecteur x𝔼 associe le
le nombre positif

x=B(x,x)1/2 (1)

définit une norme. Le nombre x est appelé
norme de x. Cette norme permet aussi de définir une métrique.
On fixe un produit scalaire qui sera noté , et qui définira la topologie sur 𝔼. L’espace topologique (𝔼,B) est appelé espace euclidien. On peut alors définir sur cet espace d’autres produits scalaires en introduisant des endomorphismes symétriques par rapport au produit scalaire B.
Expression matricielle d’un produit scalaire
Soit 𝔼 un espace vectoriel de dimension n muni d’un produit scalaire défini par une forme bilinéaire B. Soit 𝐁 la matrice de cette forme dans une base {𝐮1,,𝐮n}. L’expression du produit scalaire sous forme matricielle est donnée par

B(𝐱,𝐲)=B(i=1nxi𝐮1,j=1nyj𝐯j)=i=1nj=1nxiyjB(𝐮1,𝐯j).

Sous forme matricielle, ce produit scalaire s’écrit:

B(𝐱,𝐲)=tX𝐁Y=tY𝐁X

puisque la matrice 𝐁 est symétrique.
Si 𝐮1,,𝐮n forment une base 𝐁-orthogonale de 𝔼, i.e, B(𝐮1,𝐯j)=δi,j, on obtient

B(𝐱,𝐲)=𝐱),𝐲=tXY=tYX.

Cette notation sera réservée pour désigner le produit scalaire de base dans un repère B-orthonormé. On sera conduit à manipuler d’autres produits scalaires. Un endomorphisme f est dit symétrique par rapport au produit scalaire B s’il vérifie

B(f(𝐱),𝐲)=B(𝐱,f(𝐲))𝐱.𝐲

Si S désigne la matrice de f, la produit scalaire s’écrit :

(SX)tBY=tX𝐁SY,X,Y.

La matrice S d’un endomorphisme symétrique vérifie donc la condition

St𝐁=𝐁S.

Dans une base orthonormée, on a 𝐁=Id et S vérifie St=S. Donc un endomorphisme B-symétrique est représenté par une matrice symétrique dans une base orthonormée pour B. Attention, une matrice symétrique ne représente un endomorphisme symétrique que si la base considérée est une base B-orthonormée. Si f est un endomorphisme quelconque de matrice A, on a toujours l’identité importante suivante

AX,Y=X,tAYX,Y

dont la valeur est donnée par XtAY dans le cas où la base est orthonormée. Pour le voir, il suffit d’utiliser le fait que le transposé d’un scalaire est égal au scalaire lui-même. Lorsqu’on dispose d’un produit scalaire dans un espace vectoriel, il est souvent très commode de l’utiliser pour établir certaines démonstrations. De plus, la forme matricielle du produit scalaire se manipule facilement comme le montrent les exemples suivants.

FX=0XIm(tF)ker(f)Im(tF)

Réciproquement

XIm[(tF)] X,tFY=0Y
FX,Y=0Y
FX=0prendreY=FX
Xker(F)

On obtient donc les résultats suivants.

ker(F)=Im(tF)etIm(F)=ker(tF)

A titre d’application, on vérifie que si F est une matrice unitaire (tAA=Id), on a

𝔼=ker(FId)Im(FId)

En effet, on a toujours

𝔼=ker(FId)ker(FId)

Comme

ker(FId) = Im(tFId)
= Im[tFFF]car F inversible
= Im[IdF]=Im[FId] car FtF=Id

on obtient le résultat.
Soit une base de 𝔼 et
A la matrice symétrique définie positive qui définit le produit scalaire dans cette base.
Si l’on désigne par M la matrice de u et par X et Y les composantes de x et y dans la base , on
obtient :

x,u(y)=tXA(MY)=tX(AM)Y).

Ainsi, l’application φ est défini matriciellement par :

Aφ:n()n():MAM

Comme A est inversible, Aφ est un isomorphisme et φ aussi.
Si est une base orthonormée, alors A=Id et les applications φ et φu ont la
même matrice dans cette base.

1.2 Quelques applications du produit scalaire

Proposition 1.1

Construction de formes bilinéaires symétriques
Soit 𝔼 un espace vectoriel euclidien, u𝕃(𝔼) et B la forme bilinéaire définie par

Bu:(x,y)𝔼2Bu(x,y)=u(x),y.

(1)–Alors Bu est symétrique si, et seulement si, u est symétrique (uS(𝔼))
(2)–La forme Bu est symétrique positive si, et seulement si, uS(𝔼) et Sp(u)+.
(3)–La forme Bu est un produit scalaire euclidien si, et seulement si, uS(𝔼) et Sp(u)+.

Proposition 1.2

: Majoration des valeurs propres d’un endomorphisme
Soit 𝔼 un espace vectoriel euclidien, u un endomorhisme de 𝕃(𝔼) et Spu() son spectre réel. Alors on a les résultats suivants.
(1) Si uS(𝔼), ensemble des endomorphismes symétriques, alors l’application :

fu:𝔼+,xfu(x)=u(x),xx

est continue et on a :

{fu(x),x𝔼\{0}}[λmin,λmax].

(2) Si ASn() et λmin (λmax) désignent la plus petite (grande) valeur propres de A, alors on a :

{XtAXXtX,XMn,1\{0}}[λmin,λmax].

(3) Si u𝕃(𝔼), alors ses valeurs propres appartiennent au segment
[λmin,λmax] associé à s=12(u+tu).

Proposition 1.3

Soit e1,,en une base orthonormée de vecteurs propres de u.
Alors on a

u(x),x=i=1nu(xiei),i=1nxi=i=1nλixiei,i=1nxi=i=1nλi|xi|2

D’où

x2λminu(x),xλmaxx2

puis

f(x)=u(x),xx2[λmin,λmax].

La fonction f atteint ses bornes puisque troutes ses valeurs propres sont dans .
Pour démontrer que toute valeur de [λmin,λmax] est atteinte il suffit de démontrer que
l’ensemble

{u(x),xx2,x𝔼}

est connexe par arcs puisque f est une fonction continue en tant que fraction rationnelle des composantes de x.
(1) Si 𝔼 est une droite vectorielle c’est évident.
(2) (x,y)𝔼2 non liés, l’application ϕ de dans Vect(x,y),

ϕ:α+iβϕ(α+iβ)=αx+βy

est continue. Si (x,y) lié, il existe z tel que (x,y) libre et (x,y) libre et on procède
comme ce qui précède. Donc l’ensemble est connexe.
L’application s=12(u+tu) est symétrique et on a

12(u+tu)(x),x=12(u+tu)(x),x=12[u(x),x+a,u(x)]=u(x),x.

Si αi est une valeur propre réelle de u, on a

12(u+tu)(x),xx=u(x),xx=αi.
Proposition 1.4

: Norme d’un endomorphisme et spectre
(1) Soit uS(𝔼). Alors

|u|=sup{|λ|,λSp(u)}

(2) Soit u(𝔼) et A la matrice de u dans une base orthonorméé de 𝔼. Alors

|||u|||=sup{λ,λSp(tAA)}
Proposition 1.5

: Spectre positif
Soit ASn(). Alors les propositions suivantes sont équivalentes.
(1) Les valeurs propres de A sont non-négative:

Sp(A)+

(2) La matrice A est égale au carré d’une matrice symétrique

BSn+()tel que A=B2

(2) La matrice A est égale au produit d’une matrice par sa transposée :

Bn()tel que A=tBB

(3) La forme quadratique associée à A ne prend pas de valeurs négatives :

XMn,1()on atXAX0

(4) Il existe une famille de n matrices colonnes telle que A soit la matrice de Gram de cette famille:

X1,,XnMn,1()tels queA=(tXiXj)
Proposition 1.6

: Spectre strictement positif
Soit ASn(). Alors les propositions suivantes sont équivalentes.
(1) Les valeurs propres de A sont strictement positives :

Sp(A)+

(2) La matrice A est égale au carré d’une matrice symétrique inversible

BSn+()tel que A=B2

(2) La matrice A est égale au produit d’une matrice inversible par sa transposée :

BGLn()tel que A=tBB

(3) La forme quadratique associée à A ne prend que des valeurs positives et ne prend la valeur zéro que si x=0 :

XMn,1()\{0}on atXAX>0

(4) Il existe une famille libre de n matrices colonnes telle que A soit la matrice de Gram de cette famille:

X1,,XnMn,1(),base de 𝔼telle queA=(tXiXj)
Proposition 1.7

Groupe orthogonal dans un espace vectoriel euclidien
Considérons les sous-ensembles suivants d’un espace euclidien 𝔼 :

O(𝔼)={u(𝔼),u : isometrie}
SO(𝔼)={u(𝔼),u : isometrie, det(u)=1}={ rotations de 𝔼}
On()={An(),tAA=Id}
SOn()={An(),tAA=Id,det(A)=1}

Alors

O(𝔼),SO(𝔼),On()etSOn()

sont respectivement des sous-groupes de

GL(𝔼),GL(𝔼),GLn()etGLn().
Proposition 1.8

: Diagonalisation simultanée de 2 matrices symétriques
Soient ASn+() et ASn(). Alors

PGLn()tels quetPAP=Id,tPBP=D

D désigne une matrice diagonale.

Proposition 1.9

Caractérisation d’un projecteur orthogonal
Soit p un projecteur (p2=p𝔼=Im(p)ker(p)).
(1) p est orthogonal ssi p est symétrique
(2) p est orthogonal ssi |p|1
(3) L’ensemble des projecteurs orthogonaux P0, est donné par l’intersection des deux ensembles suivants

P={ptel quep2p=0}

et

P0=(x,y)𝔼2{ptel que<p(x),y><x,p(y)>=0}

(4) L’ensemble des projecteurs orthogonaux PP0 est compact dans (𝔼).

1.3 Projecteur orthogonal, Symétrie orthogonale, Isométrie

Proposition 1.10

Projecteur orthogonal en dimension finie
Soit 𝔼 un espace vectoriel de dimension n muni d’un produit scalaire défini par une matrice 𝐌 (symétrique et définie positive). Sous forme matricielle, ce produit scalaire s’écrit:

𝐮,𝐯=𝐮T𝐌𝐯.

(1) Si 𝐮1,,𝐮n forment une base 𝐌-orthogonale de 𝔼, alors on a

𝐮i𝐮iT=𝐌1.

(2) Une matrice 𝐀 est autoadjointe par rapport à ce produit scalaire (𝐌-autoadjointe) si, et seulement si :

𝐌𝐀=𝐀T𝐌.

Une telle matrice est alors diagonalisable, ses valeurs propres sont réelles et ses vecteurs propres
sont 𝐌-orthogonaux deux à deux.
(3) Soient 𝔽 un espace engendré par 𝐮1,,𝐮m,
𝐗 la matrice admettant ces vecteurs comme colonnes et 𝐏 la matrice du projecteur orthogonal
sur 𝔽. Alors, on a les résultats suivants.

  1. 1.

    Si les vecteurs 𝐮1,,𝐮m sont linéairement indépendants, alors la matrice

    𝐗^=𝐗T𝐌𝐗

    est inversible et on a :

    𝐏=𝐗𝐗^1𝐗T𝐌. (2)
  2. 2.

    Si les vecteurs 𝐮1,,𝐮m ne sont pas forcément indépendants, alors

    𝐏=𝐗𝐗^𝐗T𝐌 (3)

    𝐗^ est la matrice pseudo-inverse de Moore-Penrose de la matrice 𝐗^.

Preuve
Le projecteur 𝐏 vérifie

𝐲𝐏𝐲,𝐮i=0,1im.

De plus, il existe 𝐛 tel que 𝐏𝐲=𝐗𝐛. On obtient

𝐗T𝐌𝐲=𝐗T𝐌𝐗𝐛

et

𝐛=(𝐗T𝐌𝐗)1𝐗T𝐌𝐲.

Si les vecteurs 𝐮1,,𝐮m sont linéairement indépendants, alors la
matrice 𝐗 est de rang plein, 𝐗T𝐌𝐗 est inversible et on obtient
(2).
Si les vecteurs 𝐮1,,𝐮m ne sont pas linéairement indépendants, alors la
matrice 𝐗 n’est pas de rang plein et donc 𝐗T𝐌𝐗 n’est pas inversible. la
solution est donnée en utilisant la pseudo-inverse et on obtient
(3).

Proposition 1.11

Pseudo-inverse d’une matrice rectangulaire
Considérons le système linéaire rectangulaire

𝐀𝐱=𝐲.
  1. 1.

    Il existe plusieurs matrices 𝐀, appelées pseudo-inverses de 𝐀,
    telles que

    𝐱=𝐀𝐲.
  2. 2.

    Il existe au moins une matrice 𝐀 vérifiant la relation caractéristique

    𝐀𝐀𝐀=𝐀.
  3. 3.

    Il existe une seule 𝐀, notée 𝐀+ et dénommée pseudo-inverse de Moore-Penrose,
    vérifiant toutes les conditions suivantes.

    𝐀+𝐀𝐀+=𝐀+,𝐀𝐀+=(𝐀𝐀+)T,𝐀+𝐀=(𝐀+𝐀)T.
Proposition 1.12

Caractérisation d’une isométrie
Une isométrie u est un endomoprhisme orthogonal, i.e, utu=Id. Soit u𝕃n(). Alors les propriétés suivantes sont équivalentes.
(1) u est une isométrie.
(2) u conserve le produit scalaire

x,y𝔼,u(x),u(y)=x,y.

(3) u conserve la norme

x𝔼,u(x)=x.

(4)
uGLn() et la matrice M de u dans une base orthonormée est une matrice orthogonale, i.e,
MOn().
(4) u transforme une base orthonormée en une base orthonormée.
(5) Il existe une base orthonormée telle que u() est une base orthonormée.

Proposition 1.13

Autres propriétés d’une isométrie ??????
Soit u une isométrie. Alors les propriétés suivantes sont équivalentes.
(1) Si 𝔽 est stable par u, alors son orthogonal est aussi stable par u.
(2) det(u){1,+1}
(3) Spu(){1,+1}
(4) Si Mt=M1, alors Spu()𝕌.

Symétrie orthogonale
Soit 𝔽 un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel euclidien 𝔼. L’endomorphisme
sF, défini ci-dessous, est appelé symétrie orthogonale.

x=xF+xF𝔼=𝔽+𝔽,sF:xsF(x)=xFxF

Comme xF=xxF, une deuxième composition conduit à sF2=Id. De plus, sF conserve la norme puisque le théorème de Pythagore permet d’écrire :

sF(x)2=xFxF2=xF+xF2=xF+xF2=x2.

Comme sF𝕃(𝔼), alors sFO(𝔼). Soit BF une base orthonormée de 𝔽 et
BF une base orthonormée de 𝔽, alors BFBF est une base orthonormée de 𝔼 dans laquelle la matrice de sF est la matrice diagonale :
Diag(1,,1,1,,1) contenant 1 dans les m=dim(𝔽) premières colonnes et 1 dans les nm
suivantes. On a donc

sFO(𝔼)det(sF)=(1)nm=1dim(𝔽)dim(𝔽)=mn= paire.

Réflexion orthogonale
Soit a un vecteur non nul d’un espace vectoriel euclidien 𝔼. On appelle réflexion orthogonale
de vecteur a, la symétrie orthogonale sF avec 𝔽=Vect(a). On la note
σA et on a donc

x𝔼,σA(x)=x2x,aaa.

1.4 Complexification d’un espace euclidien

Au lieu de considérer l’espace 𝔼 sur le corps des réels, Il est souvent plus commode de le complexifier en prenant les scalaires sur le corps . Cela revient à considérer les scalaires réels comme éléments de . Le complexifié 𝔼c de 𝔼 est donc l’espace des combinaisons linéaires à coefficients sur et le produit scalaire qui devient produit hermitien se définit en conjuguant la seconde composante (par convention).

x,y=xkyk

Les bases réelles de 𝔼 sont aussi des bases de 𝔼c appelées bases réelles mais on peut évidemment prendre des bases dont les vecteurs sont complexes.
Soit f un endomorphisme de (𝔼) et An() sa matrice dans une base donnée de 𝔼. Le complexifié fc de f est un endomrphisme de (𝔼c) qui est défini par la matrice F de f qui reste évidemment à coefficients réels mais sera vue comme élément de n().
L’endomorphisme fc est réel dans le sens où il transforme un vecteur réel en un vecteur réel.

f(x)=λxf¯(x¯)=f(x¯)=λ¯x¯.

Donc si λ est une valeur propre de f associé à x, alors
λ¯ est aussi une valeur propre de f associé à x¯. Ainsi pour un endomorphisme réel si λ est valeur propre alors λ¯ l’est aussi.
Si f est auto-adjoint pour un produit scalaire donné, alors fc est aussi auto-adjoint pour le même produit scalaire. En effet, une base orthonormée de 𝔼 est aussi une base orthonormée de 𝔼c.
Nous présentons dans cette section les propriétés d’endomorphismes particuliers dans le cas d’un produit scalaire à valeurs dans . Ces propriétés seront étendues dans la section suivante au cas d’un produit scalaire à valeurs dans .
On emploi le qualificatif spécifique d’endomorphisme symétrique au lieu d’auto-adjoint qui sera utilisé dans le contexte plus général d’un -espace vectoriel. Dans cette section, un endomorphisme u de 𝕃(𝔼) est dit symétrique s’il vérifie

x,y𝔼,u(x),y=x,u(y)

et l’ensemble des endomorphismes symétriques est noté S(𝔼).

Proposition 1.14

: Noyau et image d’un endomorphisme symétrique
Soit 𝔼 un espace vectoriel euclidien et uS(𝔼). Alors on a

Im(u)=ker(u)et Im(u)=ker(u).
Proposition 1.15

: Un endomorphisme symétrique est diagonalisable sur
Soient 𝔼 un -espace euclidien et f un endomorphisme symétrique sur 𝔼. On a les propriétés suivantes.
(1) Le polynôme caractéristique de f est scindé sur .
(2) Les vecteurs propres de f sont réels.
(3) Les espaces propres associés à deux valeurs propres distinctes sont orthogonaux.
(4) f est diagonalisable sur une base orthonormée de vecteurs propres.

Démonstration (1) On note 𝔼c et fc les complexifiés de 𝔼 et f. Dans une base réelle les endomorphismes f et fc ont la même matrice. Par conséquent ils ont le même polynôme caractéristique χf. Soit λ une racine de χf. Cette racine existe toujours sur qui est algébriquement clos et on va montrer que λ. En effet, λ est une valeur propre de fc et si u désigne un vecteur propre associé, on a:

fc(u),u=λu,uetu,fc(u)=λ¯u,u.

Comme fc est auto-adjoint et u0, on obtient λ=λ¯.
Ainsi, toutes les racines de χf sont réelles et donc χf est scindé sur .
(2) Soient λ1 et λ2 deux valeurs propres distinctes. Comme elles sont réelles, on a :

fc(u1),u2=λ1u1,u2=u1,fc(u2)=λ2u1,u2

D’où (λ1λ2)u1,u2=0 et donc u1 et u2 sont orthogonaux.
(3) Soient 𝔼 un espace euclidien de dimension n et f un endomorphisme auto-adoint de 𝔼. Raisonnons par récurrence sur n. Pour n=1 il n’y a rien à démontrer. Supposons la propriété vraie à l’ordre n1. D’après le résultat du point (1), χf est scindé sur . Soient λ une valeur propre de f, u un
vecteur propre associé et 𝔽 l’espace orthogonal de Vect(u). Cet espace est de dimension n1 et il est stable par f, puisque

x𝔽,f(x),u=x,f(u))=λx,u=0

et donc f(x)𝔽.
L’espace 𝔽 est euclidien en tant que sous espace de 𝔼.
La restriction f𝔽 de f à 𝔽 est aussi un endomorphisme auto-adjoint de 𝔽.
Il admet donc une base de vecteurs propres {u1,,un1} par hypothèse de récurrence.
Ainsi {u1,,un1,uu} est une base de 𝔼 constituée de vecteurs propres de f et la propriété est donc vraie pour n.
Le point (4) est évident.


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